Obélisques de Rome

   

 

Les obélisques de Rome sont d’authentiques monolithes égyptiens de l’antiquité. Ils témoignent de l’admiration des romains envers la grande civilisation égyptienne… et de sa conquête.

Les obélisques de Rome

C’est lors de la conquête de l’Egypte que les romains rencontrèrent la civilisation égyptienne, les temples, les pyramides et les obélisques notamment.
Friands de religiosité et malgré le nombre déjà imposant de leurs propres divinités, ils adoptèrent le culte de dieux égyptiens, comme Isis en particulier.

Obélisques de Rome
© rome1.com

D’Egypte, ils ramenèrent aussi un certain nombre de trophées et… des obélisques.
Le poids de plusieurs centaines de tonnes, la fragilité des monuments tout en longueur, la difficulté technique pour les redresser à la verticale ne les freinèrent pas.
Ainsi, peu à peu, ils ramenèrent et érigèrent des obélisques dont il reste encore en place, 13 spécimens sur 17-18 estimés.
Mais on suppose que 4 ou 5 d’entre eux  furent construits par les romains eux-mêmes. Durant le Moyen-Age, ces obélisques subirent le même sort que la plupart des édifices de l’antiquité. Ils furent laissés à l’abandon quand ils ne furent pas brisés. Ce fut après la Renaissance et plus précisément à l’âge baroque, qu’on les prit en considération et les utilisa à nouveau pour marquer la grandeur de Rome et de la religion catholique.
Je vous propose de mieux les connaître car ils font partie intégrante de l’histoire romaine.

Les obélisques de Rome : obélisque de la piazza del Popolo

L’obélisque de la piazza del Popolo à Rome provient de la cité antique d’Héliopolis. Il fut érigé sous Sethi Ier, père de Ramsès II, soit vers 1300 av. J.-C. Il comporte d’authentiques hiéroglyphes sur ses 4 faces.
L’empereur Auguste le fit transporter à Rome en 10 av. J.-C. pour l’ériger au cirque de Maxime, dont il ornait la spina, c’est-à-dire le muret central qui séparait les deux sens de course de chars.
Il mesure environ 24m de hauteur et pèse 235 tonnes.

Il fut placé devant l’église Santa Maria del Popolo et le lieu ne fut pas choisi au hasard. En effet, c’est là que convergeaient trois des artères les plus importantes du centre de Rome. Et surtout, c’était le lieu d’entrée des visiteurs venus du nord par la via Flaminia. D’où son surnom d’obélisque flaminien.

L’architecte Giuseppe Valadier redessina le parc du Pincio et la place del Popolo, en centrant celle-ci autour de l’obélisque.

Sachez qu’Auguste fit transporter un second obélisque, celui qui se trouve actuellement Place del Moncitorio.

Voir ma page sur le Place del Popolo à Rome.

Les obélisques de Rome : Obélisque du Pincio à Rome

Cet obélisque, situé viale del obelisco dans le parc du Pincio, est de dimension modeste puisqu’il ne mesure « que » 9m de hauteur.
C’est l’empereur Hadrien qui le fit ramener d’Egypte (IIe siècle) pour servir de monument funéraire à son favori Antinoüs, mort en Egypte.
Il semble avoir orné aussi la spina du cirque Varianus. En 1632, on le retrouve dans les jardins du Palais Barberini, et en 1773, il se retrouve dans les jardins du Vatican.
C’est seulement en 1832 qu’on lui attribua sa place définitive, dans le parc du Pincio.

Cet obélisque possède la particularité que ses hiéroglyphes sont… romains. On retrouve en effet, sous forme de hiéroglyphes, des éléments relatifs à Rome, comme par exemple les mentions honorifiques :

  • Hadrien-César, fils du soleil, seigneur des diadèmes
  • Impératrice Sabine, rectrice des mondes, vivante et heureuse

Antinoüs, lui, est affublé des symboles habituels des défunts.

Voir aussi ma page sur les jardins du Pincio.

Les obélisques de Rome : obélisque de la Trinité des Monts

Cet obélisque provient d’Assouan, il date des Ier ou IIe siècle. C’est à peu près la seule certitude qu’on ait.
Il fut transporté dans les jardins de Salluste, sur la colline du Pincio où, au XVe siècle, on le retrouva brisé.
Clément XII le fit transférer au Latran en 1733. Mais, 50 ans plus tard (1789), Pie VI le fit déplacer puis restaurer et ériger en haut des escaliers de la place d’Espagne, devant l’église de la Trinité des monts.
Notez la fleur de lys qui termine la pointe de l’obélisque, symbole de la royauté française.

Cet obélisque possède la particularité que ses hiéroglyphes sont… romains. Ils sont copiés sur ceux de l’obélisque du Circus Maximus.

Voir aussi ma page sur la place d’Espagne.

Les obélisques de Rome : obélisque des thermes de Dioclétien

L’obélisque des thermes de Dioclétien ou obélisque de Dogali ne mesure « que » 9m de hauteur. Il fut taillé à Assouan et érigé au temple dédié au Dieu Râ à Héliopolis, sous le règne de Ramsès II.
Peut-être fut-il placé devant le temple d’Isis à Rome, mais nous manquons de suffisamment d’éléments fiables pour en être certains.
En 1887, il servit de monument aux morts pour les soldats italiens décédés à la bataille de Dogali, en Ethiopie, d’où son surnom.
En 1925, il fut placé dans les jardins des anciens thermes de Dioclétien, devenus partie du musée national romain.

Notez que ce furent deux obélisques jumeaux qui furent transportés d’Egypte, celui dont il est ici question et le deuxième qui orna les jardins de la Villa Médicis, avant de regagner Florence et les jardins Boboli (1788) où il se trouve encore de nos jours.

Les obélisques de Rome : obélisque de la place Saint Pierre

Cet obélisque possède une origine mal définie. On sait qu’il fut ramener d’Egypte par Auguste. 25m de hauteur et230 tonnes, s’il vous plaît. C’est Caligula qui le fit placer dans le cirque de la colline du Vatican. Ce cirque connut une grande célébrité sous Néron. C’est sous ce nom qu’il est principalement connu. Et pour cause. C’est dans ce cirque en effet que furent martyrisés de nombreux chrétiens. Pierre en particulier.
C’est pour cette raison que fut ici construit une première basilique chrétienne par Constantin, sur le lieu qui devait devenir plus tard la basilique Saint Pierre. Cela explique aussi que le seul obélisque respecté par les nouveaux chrétiens fut celui du Vatican. Il ne fut ni jeté à terre, ni brisé comme les autres.
Une légende voudrait que le globe qui terminait l’obélisque aurait renfermé les cendres de Jules César. Mais, désolé de vous décevoir, la légende est une chose et la vérité historique en est une autre.
L’obélisque fut transporté en 1586 non loin de son lieu d’érection romain, dans ce qui allait devenir la place Saint Pierre. Il commémorait ainsi le martyr et la mort de Pierre.

Une anecdote, bien connue, est relative à cette érection.
Durant ce transfert, et surtout durant l’érection du mastodonte de 230 tonnes, un silence absolu fut exigé des 900 hommes réunis pour la délicate et dangereuse manoeuvre. Soudain, les cordes qui soutenaient l’obélisque menacèrent de se rompre. Un marin, du nom de Bresca, habitué au maniement des cordages, s’écria : « Acqua alle funi ! » (Mouillez les cordes !).
Salutaire désobéissance ! Les cordes ne rompirent point.
Comment ? Vous connaissez cet épisode mais concernant l’obélisque de la Concorde à Paris ? Ah, c’est possible. Chacun se réapproprie les légendes.
Toujours est-il que Bernini (Le Bernin) fit de cet obélisque le centre d’une place universellement célèbre en 1667. En 1818, 4 lions de pierre vinrent monter la garde au pied de l’obélisque symbolique.

Voir aussi mes pages sur la place Saint Pierre du Vatican.

Les obélisques de Rome : obélisque de la place du Quirinale

Cet obélisque placé devant le palais présidentiel du Quirinal est une énigme. Comme il ne possède aucune inscription et que ses côtés sont parfaitement lisses, il est impossible de le dater. Quelle est on origine, on ne sait pas. Quand fut-il ramener d’Egypte ? On l’ignore. Certains supposent qu’il le fut sous Domitien (fin du Ier siècle). Mais d’autres historiens pensent qu’il s’agit tout simplement d’un obélisque… romain. C’est-à-dire taillé par les romains eux-mêmes.
Toujours est-il qu’en 1782, le Pape Pie VI le rapatrie sur la place du Quirinal et le fait assembler aux sculptures de chevaux déjà en place, elles-mêmes issues des thermes de Constantin. Les deux personnages présents sur le monument sont une représentation de Castor et Pollux. Voir aussi ma page sur le Quirinal.

Les obélisques de Rome : obélisque de la Piazza Navona

Cet obélisque est universellement réputé grâce à la célébrité de la place Navona et à la fontaine de Bernini (Le Bernin).
Il fut ramené d’Assouan sous Domitien (fin du Ier siècle) pour figurer devant le temple d’Isis.
L’empereur Maxence (IVe siècle) le fit transférer sur la Via Appia, au sud de Rome, pour orner le cirque dédié à son fils Romulus (ne pas confondre avec le Romulus, fondateur de Rome et frère de Rémus).
Après une longue période d’abandon, le Pape Innocent X le fait restaurer et ériger sur la place Navona, où Bernini (Le Bernin) le place au centre de sa fontaine des 4 fleuves ou des 4 continents.
Du coup, en visitant la place et la fontaine, on en oublie l’origine égyptienne de cet obélisque, placé ici comme l’axe du monde. Je vous en parle sur ma page consacrée à la place Navona.

Les obélisques de Rome : obélisque Saint Jean de Latran

L’obélisque de Saint Jean de Latran provient du temple de Karnak. Il fut érigé sous Thoutmosis IV (vers 1490 av. J.-C.). Il mesure 33m de hauteur, un record pour un obélisque monolithique et était dédié au Dieu Râ.
Il fut transféré à Alexandrie par l’empereur Constantin, puis sous Constance II, il fut transporté à Rome et érigé (357) . Un tel mastodonte de pierre nécessita la construction d’un navire spécial pour le transporter jusqu’au port d’Ostie puis, le long du Tibre jusqu’à Rome. On dit qu’un millier d’hommes et une véritable forêt de troncs, poutres et charpentes furent nécessaire à son lent déplacement et sa dangereuse érection au cirque de Maxime.
Mais aux romains, rien ne fut impossible. Il fut érigé.
Une anecdote :  L’obélisque fut surmonté d’un globe métallique couvert de feuilles d’or qui fut frappé par la foudre. On remplaça le globe par une torche donnant l’impression d’une flamme.
Il tint debout jusqu’à ce que, comme les autres obélisques, il fut brisé et disparu des mémoires.
Ce fut le Pape Sixte Quint (1587) qui le fit restaurer et ériger devant Saint Jean de Latran.

Lire mes pages sur Saint Jean de Latran.

Suite des obélisques de Rome

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